Aller au contenu principal

Sonate I (reconstruction par Carlos Vázquez et Arturo Nieto-Dorantes)

Ponce compose son Caprice II en 1907 (Mello&Rojas). Postérieurement, le compositeur écrit en 1912 le premier et le deuxième mouvement de sa Première sonate et intègre le Caprice en tant que troisième mouvement. Dans ce contexte, le premier registre disponible d’une prestation de cette œuvre date du 25 mai 1913, (Barrón Corvera, 2004 :73. C’est ainsi que Ponce a eu l’occasion de la jouer à plusieurs occasions au Mexique et à Cuba avec beaucoup de succès. Lors de son interprétation à New York en mars 1916, la critique soulève le rapprochement de sa sonate avec le modernisme français de l’époque en contraste avec le côté rêveur et romantique des autres pièces du même concert. En 1917, le compositeur ajoute cette œuvre à la liste des morceaux les plus représentatifs de son répertoire jusqu’à ce moment. Tout en conservant le modèle lisztien qu’il avait aussi appliqué à son Concierto romántico, le compositeur écrit sa sonate en trois mouvements qui se déroulent sans interruption. De la même façon, Ponce donne des titres à chacun des mouvements : le premier « La vida tumultuosa » (La vie tumultueuse), le deuxième « Reposo de amor » (Repos d’amour) et le troisième « En el esplendor de la alegría » (Dans la splendeur de la joie).

Carlos Vázquez (1920-2013) était un pianiste et pédagogue qui a été élève de Ponce. Le compositeur l’a nommé son héritier universel à son décès. Vázquez écrit par la partition a été perdue pendant la Révolution mexicaine (1911-1917). Selon ce document, Vázquez a écouté l’interprétation de Ponce et a été très enthousiaste par l’œuvre. De ce fait, Ponce a promis de la réécrire et la dédier à Vázquez. Malheureusement, on n’a retrouvé que quatre pages du début de la sonate. De ce fait, Vázquez a entrepris la tâche de terminer le mouvement tout en utilisant la chanson Estrellita en tant que deuxième thème. De la même façon, l’héritier de Ponce termine son écrit en affirmant que l’interprète devait jouer le Caprice en tant que troisième mouvement. Selon le témoignage verbal du neveu de Vázquez, Miguel Ángel Vázquez en 2022, Carlos a travaillé dans la transcription de l’enregistrement de 1939 jusqu’à son décès en 2013.

En ce qui concerne cet enregistrement, qui est « malheureusement, plein de problèmes techniques » il s’avère néanmoins « un document d’une grande valeur» (Miranda, 2020 : 306). Suite à la sonate, Ponce y interprète aussi sa Mazurka no 7. Après son exécution musicale, on entend la voix du compositeur et de son épouse qui nous confirment les œuvres exécutées et les personnes présentes.

D’ailleurs, il est intéressant de mentionner que dans le deuxième mouvement Reposo de amor, Ponce insère une citation de sa pièce En la paz del sendero florido… (Dans la paix du sentier fleuri…) cinquième partie de son Album de amor. Cette citation sert comme transition vers le troisième mouvement. En ce qui concerne cette troisième pièce En el esplendor de la alegría, Ponce interprète le Caprice II dans l’enregistrement mais avec certains changements et des ajouts de motifs ainsi qu’une légère modification de la structure.

Dans le cadre du projet d’intégrale de l’œuvre pour piano, Arturo Nieto-Dorantes, professeur à la Faculté de musique de l’Université Laval, a décidé d’entreprendre la reconstruction et restauration de cette Première sonate. Dans ce sens, il a retravaillé le développement et la coda du premier mouvement de la sonate. Pour ce faire, Nieto-Dorantes a tracé le plan de ces deux sections tout suivant librement la structure des passages correspondants dans la Seconde sonate (1918). Pour une cohérence stylistique, il a appliqué des traits inspirés de plusieurs pièces de Ponce dont le Concierto romántico (mes. 75 et 76) et la Balada mexicana en version orchestrale (mes. 85 et 86), certains passages de ses Estudios de concierto et de la Rapsodie mexicaine no 2. Pour le plan général, il s’est guidé de la description que José Dolores Frías (cité par Miranda, 2020) trace de la sonate dont la confirmation de l’attaca entre les trois mouvements.

En collaboration avec Alexandre Picard, il a retravaillé le manuscrit de Carlos Vázquez du deuxième mouvement à partir de l’enregistrement de Ponce de 1939. Par conséquent, ce même enregistrement a été la matière première pour la rédaction d’une partition de travail de ces deux mouvements. Dans les modifications et ajouts dans cette enregistrement vis-à-vis le Caprice II, nous trouvons le motif suivant:

Primera sonata, mes. 48-52

Qui est très ressemblante au motif du début du Concierto romántico ainsi qu’à l’Allegro moderato :

Concierto romántico, mes. 5-8

Allegro moderato, mes. 1 et 2

De même, on peut écouter que le compositeur omet les mes. 106-130 et 151-191 pour y modifier la fin pour une plus virtuose et brillante que celle du Caprice original. Dans ce contexte, et tout en considérant la nature informelle de l’enregistrement, il n’est pas à écarter que le compositeur ait décidé d’improviser des idées musicales ou qu’il y ait eu des accidents d’exécution. D’égale manière, il est possible qu’il ait été dans un processus de renouveau d’une sonate qu’il réécrivait justement à ce moment-là. Ce sont des questions qui resteront malheureusement sans réponse.